Comment parler succession en famille ? Accueillir les émotions

Famille de plusieurs génération

Parler succession avec un parent ou  un conjoint, ou en discuter en famille, par exemple entre frères et sœurs, peut être délicat. Sans le vouloir, on peut blesser, créer des malentendus, ou même des conflits.

Nous abordons en trois billets de blog les principales causes de problèmes : les émotions, les points de vue divergents, et l’ignorance de la loi.

Le but est de sereinement anticiper les successions pour transmettre le patrimoine familial dans les meilleures conditions tout en préservant la bonne entente familiale.

Dans ce premier billet consacré aux émotions nous examinons comment prendre conscience et accueillir positivement les émotions qui peuvent surgir lors d’une discussion de succession en famille.

Accueillir les émotions, y compris la peur de la mort

Dans notre culture, la mort est un tabou. Parler succession, c’est envisager le décès d’un proche ou le sien. Chacun réagit différemment mais personne ne peut rester émotionnellement indifférent à cette pensée. Il est donc important d’en prendre conscience.

Une réaction émotionnelle fréquente est le déni : éviter le sujet à tout prix. Attention, une personne qui aborde le sujet en se présentant comme « rationnelle » peut être dans le déni de ses propres émotions. Une autre manière de nier sa peur.

Exemple : Jean-Philippe, 55 ans, motard, se déplace chaque jour en moto pour aller à son travail. Sa conscience du danger le rend très superstitieux. Il refuser d’aborder avec sa conjointe, Marie, le sujet de l’anticipation de sa succession.

Arthur Conseiller en Gestion de PatrimoineConseils de l’expert MaSuccession.fr :

Jean-Philippe n’est pas ouvert au raisonnement « rationnel. » Marie devrait moins chercher à le raisonner et plutôt faire appel à ses émotions positives.  

  • N’insistez pas si une personne fuit la discussion. Abordez le sujet progressivement.
  • Ne vous posez pas en défendeur de la rationalité. Soyez affectueux et rassurant.
  • Faites porter la discussion sur les aspects émotionnellement positifs de la transmission tels que la tranquillité d’esprit, l’expression des volontés du testateur, la préservation du patrimoine familial, la protection des enfants.

Etre préparé au réveil de blessures affectives

La transmission familiale n’est jamais une transmission purement matérielle. Dans la succession se joue aussi une transmission symbolique et affective.

Consciemment ou non, les membres de la famille ne pourront s’empêcher de voir dans la part d’héritage reçue par succession ou par donation anticipée une mesure de leur valeur aux yeux du testateur ou donateur, une mesure de l’affection qui les lient.

Dans ce contexte, la discussion de succession peut rouvrir des blessures anciennes à propos de préférences, réelles ou supposés. Des dysfonctionnements familiaux latents peuvent ressortir au grand jour. Des clans peuvent se former.

Exemple : Sophie, 40 ans, s’est toujours sentie moins bien aimée par ses parents que son frère, Jérôme. Ce ressentiment l’amène à se sentir lésée quand ses parents parlent de donation-partage entre elle et son frère. Son conjoint prend son parti, envenimant le conflit.

Conseils de l’expert MaSuccession.fr :

Arthur Conseiller en Gestion de PatrimoineJérôme et ses parents doivent accepter que Sophie exprime son ressenti, même s’ils ne partagent pas son point de vue. En préparant la donation-partage avec des professionnels, ils s’attacheront à démontrer à Sophie qu’elle ne sera pas lésée.

  • Laissez s’exprimer les ressentis.
  • Expliquez-vous. La discussion peut permettre de dissiper des malentendus. Mais n’ayez pas des attentes démesurées. L’anticipation de succession n’est pas une thérapie familiale !
  • Orientez la discussion vers l’avenir. Visez le meilleur compromis tenant compte des sensibilités de chacun.
  • L’intervention d’une tierce personne neutre, notaire, conseiller en gestion de patrimoine ou avocat, peut être une aide précieuse pour arriver au meilleur compromis.

Dépasser les traumatismes des successions passées

Il n’est pas rare que des personnes aient été traumatisées par des successions ou des donation-partage antérieures qui s’étaient mal passées. L’actualité, telle qu’actuellement celle de la succession de Johnny Hallyday nous rappelle trop souvent une vision négative des successions comme source de conflits.

Le but de la préparation en amont d’une succession est non seulement de réduire les droits de succession mais aussi de prévenir les conflits.

Exemple : Bernadette, 70 ans, s’est disputée avec son frère il y a vingt ans lors de la succession de ses parents. Elle craint que ses propres enfants ne se disputent à leur tour, entre eux et avec elle, si elle prend des dispositions d’anticipation de succession de son vivant.

Arthur Conseiller en Gestion de PatrimoineConseils de l’expert MaSuccession.fr :

Evoquer les cas passés ou ceux qui font l’actualité peut au contraire aider à aborder les craintes et prévenir les conflits.

  • Bien qu’il reste des tabous, la société a quand même beaucoup évolué dans le sens d’une meilleure communication. Osez exprimer vos craintes et regarder en face en famille ce qui peut être fait pour éviter malentendus et conflits.
  • Prenez votre temps, n’agissez pas en réaction à telle ou telle pression.
  • Amenez toutes les parties à accepter qu’un partage n’est jamais parfait.
  • Il est toujours possible de s’en remettre à la loi successorale qui définit précisément les héritiers et prône le partage égalitaire.